I’m back.

Roland Garros 2023. © AFP – Anne-Christine Poujoulat

Ça fait du bien d’être de retour. Vraiment !

La dernière fois que je vous ai écrit, je ne vais pas vous mentir… je n’étais pas bien. J’étais sur le point de faire mon comeback, mon GRAND comeback et comme on le sait bien, parfois tout ne se passe pas comme prévu.

Pour ceux d’entre vous qui ont suivi mes premiers matchs aux Etats-Unis, vous savez que les choses ont été un peu compliquées. J’ai perdu à plusieurs reprises, enchaîné les défaites mais je restais focus sur ma devise « on to the next one ».

Malgré tous ces mois à attendre pour jouer, je me sentais plus que mal.

J’aimerais vous dire que tout s’est amélioré après ça…

Malheureusement non. À Miami, un nouveau hic. Je me blesse à la main. Encore. Résultat : une grosse baisse de morale. Mais il fallait bien que je me prépare pour mon tournoi préféré : Roland Garros. Donc une petite injection à la main et me voici de retour.

J’ai essayé de reprendre confiance en moi tout au long de la série des tournois de catégorie inférieur (challengers).

Résultats ? Défaites, défaites, défaites : vous ne pouvez même pas imaginer ma frustration.

A un moment donné avec toutes ces péripéties, j’ai dû faire une introspection et réfléchir à ce qui fonctionnait ou pas. Mentalement, j’étais d’attaque, motivé, remonté à bloc. Physiquement et tennistiquement, ça ne suivait pas. Après une longue réflexion, j’ai dû faire un choix : changer toute mon équipe.

Une décision difficile à prendre comme vous pouvez l’imaginer ; que ce soit au niveau professionnel que personnel. Et dans mon cas, c’était les deux.

Je tiens aussi à souligner quelque chose de très important : ce n’est pas que mon équipe précédente n’était pas bonne. Je crois qu’il n’existe pas de « meilleure équipe » au sens absolu du terme ; seulement « la meilleure équipe pour où vous en êtes en ce moment. »

J’étais à un moment de ma carrière où tout ce qui fonctionnait avant ne fonctionnait plus maintenant. Et comme beaucoup d’entre vous, en tant que chefs d’entreprises le comprendront : La stagnation appelle à un changement radical.

Vous pouvez voir ça comme un rebranding, si vous voulez.

Souvent, vous avez besoin d’un point de vue extérieur pour voir vos angles morts, pour voir les nouvelles opportunités, pour vraiment faire bouger les choses. J’avais besoin d’un nouveau concept pour ma récupération, de nouvelles méthodes, d’un nouveau système.

Avant Roland Garros, j’ai fait une longue préparation (épaulé pas par un, mais 2 coachs).

Notre premier tournoi ensemble, nous avons perdu dès le premier tour… mais bon sang, qu’est-ce-que c’était bien car j’ai réussi à avoir de meilleures sensations. Même si on n’y était pas vraiment, je sentais déjà qu’on progressait. Je me suis dit « Ok, Wow, on fait vraiment du bon travail. On est sur la bonne voie ! »

Et puis : Roland Garros. Mon terrain de jeu, mon tournoi préféré. En plus c’était la première fois que je partais en tournoi avec ma fille.

Peut-être que vous l’avez vu en live. Mais pour ceux qui n’ont pas eu la chance de voir, j’affrontais Sebastian Baez — un sacré joueur.

Le match commence, et ça ne sentait pas bon pour moi. On s’approchait de 4 heures de jeu. J’étais mené au 5eme set et je commençais à avoir d’énormes crampes. Un commentateur a même dit que j’étais « mort et enterré ».

Et là d’un coup… la foule s’emballe. Le public crie, m’encourage.

C’est magique, c’est électrique.

A ce moment-là, j’ai ressenti une montée d’énergie qui m’a poussé à jouer un des matchs les plus incroyables de ma vie. Après des mois d’échec, de découragement, de blessures physiques… Vous ne pouvez pas imaginer ce que la victoire de ce match signifie pour moi. J’ai pleuré. C’était juste irréel.

Jusqu’au lendemain, quand je me suis blessé au poignet et que j’ai dû prendre la terrible décision de me retirer de Roland Garros. Ce métier n’est rien d’autre qu’une succession de hauts et de bas. Mais malgré tout, ma femme Elina s’est bien démenée à Roland Garros jusqu’à la fin et j’étais très fier de la soutenir.

Une fois à la maison, j’ai réfléchi et je me suis demandé : Est-ce-que c’est vraiment fait pour moi ? Est-ce-que ça va s’arrêter comme ça ? En revisionnant le match contre Baez, j’ai repris mes esprits et le courage est revenu et la réponse était claire : pas question. Je ne peux pas abandonner maintenant.

Avec mon poignet blessé, je ne pouvais pas jouer mais je pouvais courir. Donc c’est ce que j’ai fait : je me suis entrainé comme pas possible. J’étais acharné, j’avais la niaque. Je regardais Elina jouer des matchs incroyables à Wimbledon et ça m’a encore plus boosté.

La victoire à Roland Garros, Elina, ma nouvelle équipe, ma fille… Toutes ces choses combinées m’ont donné l’énergie nécessaire pour la tournée américaine. Non pas seulement pour jouer mais pour gagner.

Match après match, je me sentais plus confiant. Ce n’était pas non plus tout rose mais j’ai réussi à avancer et remporter des victoires cruciales.

L’importance de ces victoires s’est manifestée, il y a deux semaines à Stockholm quand j’ai gagné mon 12ème titre ATP, exactement 12 ans après avoir gagné ce titre pour la première fois. C’est peut-être une coïncidence pour vous mais pour moi c’était un signe qui me montrait que j’allais dans la bonne direction.

Une semaine plus tard, j’ai joué et perdu au Paris Masters.

Mais ce n’est pas si grave, car j’ai déjà repris confiance en moi.

En résumé, cette année fut comme être dans un rollercoaster, des hauts et des bas. En cette fin d’année, je me sens bien. Les épreuves de ces six premiers mois ont rendu les victoires encore plus savoureuses. Avec mon équipe, on a vraiment bossé dur et ça me fait plaisir de voir que ce travail a porté ses fruits.

Aujourd’hui, je suis de retour dans le Top 100. Je me sens bien mentalement et physiquement. Et j’ai hâte de fixer de nouveaux objectifs pour l’année prochaine, de donner mon maximum dans ma pré-saison, de commencer 2024 de la bonne façon et de vous partager la suite de mes aventures.

Until next time,

Gaël

À lire aussi